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ProtectDefenders.eu célèbre la Journée internationale des droits des femmes

ProtectDefenders.eu Celebrates International Women’s Day and Women Rights Defenders

« Ensemble, les femmes sont inarrêtables et grâce à cette alliance, nous sommes capables de plaider et d’obtenir des changements sociaux, l’accès à la justice, le respect des droits humains ainsi que la reconnaissance de l’impact psychosomatique sur nos corps déplacés de force. » Fernanda Martinez, défenseure des droits humains du Nicaragua

Fernanda Martinez est une jeune activiste féministe qui a été contrainte de s’exiler du Nicaragua au Costa Rica en raison de son travail et de son activisme en faveur des droits humains. Après son arrivée au Costa Rica, et avec le soutien d’autres femmes et d’organisations internationales, elle a réussi à surmonter ses traumatismes et la peur de la répression politique. Elle a retrouvé la force d’élever la voix et de défendre les droits fondamentaux des femmes toujours opprimées au Nicaragua et de celles qui sont contraintes au déplacement. C’est ainsi qu’est née, en 2020, l’organisation féminine Red de Mujeres Pinoleras, qui travaille avec des femmes exilées du Nicaragua. L’organisation défend les droits des femmes et l’égalité des sexes par le biais du plaidoyer politique, elle apporte un soutien aux femmes migrantes et aux réfugiées politiques qui sont en danger, et renforce les réseaux qui peuvent les soutenir émotionnellement, économiquement et politiquement. Depuis la création de ce réseau, l’organisation partenaire du consortium ProtectDefenders.eu, Peace Brigades International (PBI), a apporté un soutien essentiel au renforcement des capacités et de l’organisation du groupe, en aidant le réseau à élaborer sa stratégie, sa structure et sa mission. C’est en partie grâce à ce soutien précieux que le réseau a pu se développer, devenir une référence pour les femmes mais aussi toutes les personnes exilées venant du Nicaragua, victimes de répression politique.

De l’Asie orientale et centrale aux Amériques et au Moyen-Orient, les défenseures des droits humains et les organisations de la société civile féministes, telles que Red de Mujeres Pinoleras, luttent quotidiennement pour que l’appel à l’égalité des genres et à la justice devienne une réalité concrète et tangible. Tout en se concentrant sur le démantèlement de la violence basée sur le genre, de la discrimination et des structures de pouvoir patriarcales, les femmes et les mouvements féministes sont également à l’avant-garde de la protection des droits environnementaux, culturels et sociaux, tant au niveau mondial qu’au sein de leurs communautés. Pour les mouvements féministes d’aujourd’hui, l’intersectionnalité devient de plus en un principe directeur. Il y a une prise de conscience croissante de l’intersection entre le genre et d’autres formes d’identités et de défis, tels que l’ethnicité, la religion et l’environnement, qui fait de la lutte pour la justice et l’égalité une bataille globale et unifiée. Dans ce contexte, les défenseures des droits humains font preuve d’un courage remarquable en résistant à l’oppression politique, trop souvent incarnée et soutenue par leurs propres gouvernements, et en construisant un avenir plus durable et plus inclusif pour la société dans son ensemble. Et c’est précisément dans les situations humanitaires et de conflit les plus difficiles que le travail des défenseures des droits humains s’est avéré essentiel et efficace pour promouvoir la paix, la stabilité et la justice.

LES RISQUES ENCOURUS PAR LES FEMMES DÉFENSEURES DES DROITS HUMAINS

Dans de plus en plus d’endroits dans le monde, le travail en faveur des droits humains est une activité à haut risque et c’est particulièrement vrai pour les femmes défenseurs des droits humains. Outre le rétrécissement généralisé de l’espace civique et l’aggravation de la répression autoritaire dans les pays démocratiques et non démocratiques, les défenseures des droits humains sont confrontées à des défis systémiques liés à leur genre et à leur identité sexuelle, qui menacent la possibilité de poursuivre leur travail légitime et leur existence même.

Un rapport 2020 du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits humains sur les défenseures des droits humains a révélé que les attaques contre les défenseures ciblent particulièrement leur comportement personnel, leur moralité ou leur vie sexuelle privée. Les défenseures des droits sexuels et reproductifs sont les plus exposées, car leur voix est perçue comme une confrontation directe avec les normes sociales et de genre sur lesquelles l’État s’appuie. C’est pourquoi leur demande de protection des droits fondamentaux est souvent réprimée et leur intégrité physique et psychologique fortement menacée. En outre, le rapport de ProtectDefenders.eu intitulé « Holding the Line » indique que, parmi les menaces physiques les plus graves, la violence et les meurtres fondés sur le genre sont les plus courants. Mais il ne faut pas sous-estimer l’utilisation de moyens de répression plus insidieux, tels que l’instrumentalisation de la loi pour criminaliser sélectivement certains défenseures et attaquer leur crédibilité.

Un rapport de 2022 de Front Line Defenders attire particulièrement l’attention sur le domaine numérique en tant que nouvelle dimension de la répression et du harcèlement à l’encontre des défenseures des droits humains. Outre les formes de répression plus « traditionnelles », telles que les agressions physiques et les attaques contre les membres de la famille, la surveillance numérique, les cyber-attaques, les campagnes de diffamation en ligne et les coupures d’Internet sont devenues des pratiques courantes employées par les États et les acteurs non étatiques pour réduire au silence les femmes activistes dans les contextes les plus difficiles. Les défenseur-e-s des droits des lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres, queers et intersexués sont spécifiquement visé-e-s pour leur militantisme ainsi que pour leur identité de genre, leur orientation sexuelle ou leurs caractéristiques sexuelles. En outre, les femmes défenseures présentant un handicap sont particulièrement menacées d’être diagnostiquées à tort comme souffrant de troubles psychologiques et d’être placées de force en institution, comme l’indique un rapport du Conseil de sécurité datant de 2020.

LE SOUTIEN ESSENTIEL DE PROTECTDEFENDERS.EU 

Face à ce recul des droits humains, le soutien de ProtectDefenders.eu témoigne d’une capacité impressionnante à apporter un soutien, à renforcer la résilience et à permettre aux défenseures des droits humains de poursuivre leur précieux travail au service de la société. En 2020, ProtectDefenders.eu a adopté une Stratégie de Genre pour guider la mise en œuvre de ses programmes en tenant compte du genre et de l’intersectionnalité. Dans cette stratégie, les besoins et les défis spécifiques des femmes défenseures des droits humains sont reconnus et soutenus. L’intersectionnalité implique la reconnaissance du fait que la situation d’une défenseure au sein de la société est simultanément définie par de multiples facteurs, allant de l’identité de genre et du statut économique à l’idéologie politique et à l’appartenance ethnique. À cet égard, l’une des mesures les plus essentielles est l’inclusion du soutien familial dans nos programmes de protection, les réseaux familiaux étant reconnus comme essentiels au soutien et à l’autonomisation des défenseures. La dimension de genre et la sensibilité intersectionnelle sont également prises en compte lors de l’élaboration des politiques, des stratégies de communication et des mécanismes de rapport.

En reconnaissant leurs défis spécifiques, en adaptant les programmes en conséquence et en adoptant une approche sensible au genre, ProtectDefenders.eu ouvre la voie à un mécanisme de protection inclusif et efficace qui résonne avec les diverses réalités des femmes défenseures des droits humains. Ainsi, depuis sa création, ProtectDefenders.eu a apporté une assistance globale à plus de 70 000 défenseur-e-s des droits humains en danger, dont plus de 50 % se sont identifié-e-s comme des femmes défenseures des droits humains, des trans-hommes, des trans-femmes, ou des personnes ne se conformant pas aux normes de genre. Au cours de l’année écoulée, plus de 3 800 défenseur-e-s des droits humains, y compris des organisations de la société civile dirigées par des femmes, ont bénéficié de notre soutien, ce qui a permis d’améliorer la protection des droits des femmes aux niveaux local et international.

Ce fut le cas, par exemple, d’une subvention accordée à une organisation en Géorgie par l’intermédiaire de notre partenaire de consortium Urgent Action Fund for Feminist Activism (UAF). Grâce à cette subvention, l’organisation féministe a pu poursuivre et renforcer son travail de promotion du développement social, économique et politique des femmes, en particulier de celles qui vivent dans les situations socio-économiques les plus vulnérables, dans un contexte de répression gouvernementale croissante. De même, une avocate et défenseure des droits des femmes kurdes, qui lutte contre les violations des droits et la violence à l’égard des femmes, a pu continuer à aider les femmes vulnérables à faire respecter leurs droits grâce à une subvention accordée conjointement par l’OMCT et la FIDH. Ces cas, comme beaucoup d’autres, montrent comment le soutien de ProtectDefenders.eu à une organisation ou à une défenseure profite à un groupe plus large, contribuant ainsi à notre objectif à long terme de mettre en œuvre l’agenda féministe et les principes d’égalité des genres et de justice dans le monde.

Image par Freepik